Juge-moi pas, parce que j’ai la peau brune ;
juge-moi pas, parce que mes ancêtres étaient forçats ;
juge-moi pas, parce que j’ai quitté le pensionnat ;
juge-moi pas, parce que j’ai la tête chauve : embrasse-moi, j’suis ben pauv’.
Juge-moi pas, parce que j’ai le culot de te demander, l’heure qu’il est, ou la taille de ton nez,ou de ton cul ;
juge-moi pas, parce que j’ai trois enfants ;
juge-moi pas, parce que j’ai soixante-huit ans ;
juge-moi pas, car je vis la vie en mauve :
embrasse-moi, c’est ben plus l’fun d’être pauv’.
Juge-moi pas, pour mes quatorze dents
et mes cent soixante-quatre caries ;
juge-moi pas, parce que mon père était cambrioleur,
ou drogué, ou bâtard — ou tous les trois ;
juge-moi pas, parce que j’viendrai jamais à ton carnaval :
pardonne-moi, peut-être :
on n’est pas plus beau, quand on est pauv’.
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